TERRE D'OISEAUX

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Les colibris

 

Le colibri

 

   LES Brésiliens l’appellent beija-flor, le “ baise-fleurs ” — belle description du rôle du colibri dans son environnement floral. D’autres, en référence à son plumage éclatant, ont qualifié cet oiseau minuscule, que l’on appelle aussi l’oiseau-mouche, de “ joyau vivant ” et de “ gracieux fragment d’arc-en-ciel ”. Certaines espèces portent des noms délicats tels que “ colibri rubis-topaze ”, “ ariane à couronne d’azur ” ou “ comète à queue pourpre ”.

  

 

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 Colibri de Madère

 

   Les couleurs spectaculaires qui forment sa parure sont localisées essentiellement sur des plumes particulières qui ornent la gorge et la tête des mâles. Ces plumes sont recouvertes de couches de cellules remplies d’air qui réfractent la lumière, formant des arcs-en-ciel à la manière de millions de petites bulles de savon.

 

   Lorsqu’il s’élance, son plastron produit des éclairs violets, émeraude, ou parfois même de toutes les couleurs du spectre. Mais qu’il se détourne de la lumière, et son plumage devient soudain d’un noir profond, velouteux.

  

 

Un voltigeur hors pair

 

   Le colibri a la réputation d’être le roi de l’acrobatie aérienne. Il peut rester en suspens devant une fleur pour en boire le nectar, ses ailes bourdonnantes formant une tache nébuleuse, puis, brusquement, filer comme une flèche en avant, à reculons, de côté, parfois même la tête en bas, avec une cadence moyenne de 50 à 70 battements d’ailes 80 par seconde !

 

   Il peut, dit-on, atteindre entre 50 et 100 kilomètres à l’heure, puis s’arrêter instantanément.

 

Comment ces prouesses stupéfiantes sont-elles possibles ?

 

   Le secret de l’oiseau-mouche réside dans son anatomie hors du commun. Ses muscles puissants, reliés à un bréchet proéminent, représentent entre 25 et 30 % de son poids. Ses ailes, entièrement rigides, exercent une pression sur l’air non seulement en descendant, mais aussi, contrairement à celles des autres oiseaux, en montant. Chaque battement d’ailes est ainsi porteur et propulseur.

 

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   En outre, l’articulation de l’épaule, très flexible, permet à l’aile d’effectuer un mouvement de 180 degrés. Rien d’étonnant que les colibris nous enchantent par leurs voltiges. 

 

   L’oiseau-mouche sait aussi faire preuve d’endurance. Ainsi, certains colibris roux, qui hivernent au Mexique, parcourent plus de 3 000 kilomètres chaque année pour monter jusqu’en Alaska. Ni les cols de montagne, ni l’océan, ni le mauvais temps ne les arrêtent.

 

Petit mais vorace

 

   L’histoire d’amour qui unit le colibri aux fleurs auxquelles il rend visite a une utilité : elle permet la pollinisation croisée. Mais, en réalité, c’est le nectar qui attire l’oiseau. Pour compenser ses extraordinaires dépenses d’énergie, il doit consommer chaque jour la moitié de son poids  en liquide sucré. Imaginez que les humains aient des besoins alimentaires équivalents !

 

   Contrairement à la plupart des autres oiseaux, les colibris marchent très peu. Ils se nourrissent en vol, choisissant des fleurs adaptées à la longueur et à la forme de leur bec, très variables selon les espèces. Outre le nectar, leur régime comprend des drosophiles qu’ils engloutissent au vol et des pucerons cueillis sur la végétation.

 

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   Mais comment le baise-fleurs prend-il le nectar des fleurs qu’il embrasse ?

 

   Pour cela, il se sert de sa langue. La langue du colibri est longue, étroite, bifide et légèrement poilue à l’extrémité ; elle est parcourue par deux sillons incurvés qui forment deux petits canaux dans lesquels le nectar monte par capillarité avant d’être absorbé. 

 

   Si vous attirez des colibris au moyen d’une mangeoire placée près d’une fenêtre, vous ne vous lasserez pas du spectacle que vous offriront ces petites boules d’énergie. Ne faites cependant l’expérience que si vous avez l’intention de vous en occuper pendant toute la saison, car ils dépendront de la nourriture que vous leur donnerez, eux et la famille qu’ils élèveront dans un nid situé à proximité.

 

La parade nuptiale

 

   Chez certaines espèces d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, le mâle attire sa bien-aimée en chantant. Le colibri d’Elliot, qui vit au Guatemala, a un cri très musical. Quant au saphir à oreillons blancs, son chant évoque “ le doux tintement d’une clochette d’argent ”. Cependant, la plupart des colibris ne sont pas de bons chanteurs. Ils se contentent de répéter sans fin quelques sons monotones et métalliques, ou d’émettre un bourdonnement, le bec fermé et la gorge ébouriffée.

   D’autres oiseaux-mouches se livrent à des acrobaties époustouflantes lors de la parade nuptiale. C’est le cas du colibri roux. Après s’être élevé très haut, il plonge vers la femelle en train de l’observer et, juste avant de l’atteindre, remonte en décrivant un J ; puis il va et vient en suivant la base du J, avant de remonter vers son point de départ ou de s’éloigner avec sa conquête. Pendant cette voltige aérienne, il peut battre des ailes jusqu’à 200 fois par seconde !

 

Une demeure délicate

 

   Un ornithologue a écrit que le nid du colibri était “ l’une des constructions les plus délicates du monde ”. Il mesure 4,5 centimètres de large et 1 centimètre de profondeur, mais est conçu pour s’adapter à la taille des petits à mesure qu’ils grandissent. Il est très émouvant d’avoir dans le creux de la main l’une de ces petites coupes constituées de fibres végétales et de plumes liées entre elles par des toiles d’araignée. Chacune reçoit deux ou trois œufs d’un blanc immaculé, “ comme des perles bien assorties ”.

 

   Pour nourrir ses petits, la mère plonge son bec dans leur gorge minuscule et régurgite ce qu’elle a absorbé. D’ordinaire, au bout de trois semaines seulement, les jeunes quittent le nid, poussés par l’instinct. Ils se nourrissent eux-mêmes et poursuivent leur croissance, jusqu’au jour où leur horloge interne leur indique qu’il faut partir loin, là où l’hiver est plus doux.

 

Un courage étonnant

 

   L’une des caractéristiques les plus surprenantes de l’oiseau-mouche est son intrépidité, qui se manifeste en particulier en cas de conflit territorial. En Amérique du Sud, on a vu deux colibris de Jardine, manifestement décidés à s’attaquer à un Goliath si nécessaire, se jeter courageusement sur un aigle qui avait pénétré dans leur aire de nidification.

 

   Les colibris sont parfois tués par d’autres ennemis, parmi lesquels figurent les serpents, les grenouilles, les toiles d’araignée, les fleurs à épines et les collectionneurs.

 

   De nombreuses personnes les traitent au contraire en amis et, chaque année, attendent avec impatience leur retour et le spectacle de leur débordante activité. Vous trouverez certainement beaucoup de plaisir à étudier de plus près ces joyaux étincelants de la création — s’ils viennent embrasser les fleurs de votre jardin.

 

LE COLIBRI EN BREF

 

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Avec 320 espèces, les colibris constituent la deuxième plus grande famille d’oiseaux de l’hémisphère occidental. 

 

Ce sont les lilliputiens du monde ornithologique : le calypte d’Hélène, un colibri de Cuba, mesure six centimètres de l’extrémité du bec à celle de la queue.

 

Le plus grand des colibris mesure 22 centimètres ; il vit dans l’ouest de l’Amérique du Sud, de l’Équateur au Chili.

  

Le domaine des colibris est situé principalement dans la zone équatoriale de l’Amérique du Sud, du niveau de la mer jusqu’à plus de 4 500 mètres d’altitude, ainsi que sur certaines îles des Caraïbes et du Pacifique.

  

Pendant les mois d’été, certains migrent jusqu’en Alaska ; d’autres descendent jusqu’à la Terre de Feu.

 

Des millions de colibris ont été massacrés à l’époque où leurs plumes étaient recherchées par les modistes européens ; il est probable que certaines espèces ont alors disparu.

 



22/06/2012
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